Le président ukrainien Zelensky tient une conférence de presse à Kyiv
par Max Hunder, Emma Farge et Olivia Le Poidevin
Volodimir Zelensky a déclaré lundi que Kyiv allait continuer à travailler avec ses partenaires à l'élaboration de compromis sur les propositions américaines en vue d'un accord de paix avec la Russie, afin que celles-ci renforcent l'Ukraine au lieu de l'affaiblir.
S'exprimant en visioconférence lors de la Plateforme de Crimée, un mécanisme de consultation diplomatique organisé en Suède à l'initiative de l'Ukraine, Volodimir Zelensky a souligné que la Russie devait financer la reconstruction de son pays et insisté sur la question de l'utilisation des avoir russes gelés.
Le président ukrainien a pris la parole alors que Kyiv et Washington sont convenus de modifier un projet d'accord de paix considéré comme trop favorable à Moscou.
Les Etats-Unis et l'Ukraine ont dit dans un communiqué conjoint avoir élaboré une "nouvelle version, améliorée, du plan de paix" après des discussions qui se sont tenues dimanche à Genève, en Suisse, sans toutefois fournir de détail.
Le président du Parlement ukrainien, Rouslan Stefantchouk, a précisé lundi que les lignes rouges de Kyiv n'avaient pas changé : pas de reconnaissance officielle des territoires occupés par la Russie, pas de limite de taille pour les forces armées ukrainiennes, pas de restrictions sur les futures alliances de l'Ukraine.
Il a ajouté lors d'une intervention devant la Plateforme de Crimée que l'adhésion à l'Union européenne et l'adhésion à l'Otan devraient faire partie des garanties de sécurité fournies à Kyiv.
La Maison blanche a soutenu de son côté que les représentants ukrainiens lui avaient dit que le plan de paix américain "reflète leurs intérêts nationaux" et "répond à leurs besoins stratégiques fondamentaux".
Les Etats-Unis et l'Ukraine ont dit qu'ils poursuivraient leurs "efforts intenses" jusqu'à la date butoir fixée par Donald Trump à jeudi. Le secrétaire d'Etat Marco Rubio, qui a mené les discussions à Genève, est toutefois reparti pour Washington dimanche soir et a laissé entendre que cette date butoir pourrait changer.
LES EUROPÉENS MOBILISÉS
Volodimir Zelensky pourrait se rendre aux Etats-Unis dès cette semaine pour discuter du plan de paix avec Donald Trump, ont dit dimanche deux sources au fait de la question.
Le Kremlin a fait savoir qu'il n'avait pas été tenu informé de nouveaux développements à l'issue des discussions de Genève, et a dit ne pas vouloir commenter des informations de presse.
Le plan en 28 points mis au point par l'administration du président américain Donald Trump et présenté comme une proposition non définitive, prévoit que l'Ukraine cède des territoires, accepte des restrictions sur ses forces armées et renonce à ses ambitions d'adhésion à l'Otan.
Pour de nombreux Ukrainiens, y compris des soldats qui se battent en première ligne, ces conditions équivaudraient à une capitulation après près de quatre ans de combats dans le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les Européens, qui participaient également aux discussions qui se sont tenues à Genève, ont de leur côté soumis une version modifiée du plan américain pour l'Ukraine, qui remet en cause les limites proposées aux forces armées de Kyiv et les concessions territoriales envisagées.
"Le travail se poursuit pour créer les conditions d'une paix respectant la souveraineté de l'Ukraine et garantissant les intérêts et la sécurité de l'Europe", a écrit le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur la plateforme X en référence aux discussions menées à Genève ce week-end entre les délégations européennes, américaines et ukrainiennes.
Son homologue suédoise, Maria Malmer Stenergard, a souligné de son côté qu'il ne pourrait y avoir de paix durable en Ukraine si son intégrité territoriale n'est pas respectée et si ses forces armées sont affaiblies au risque d'inciter la Russie à l'attaquer à nouveau.
Evoquant des "progrès constructifs" lors des discussions avec les États-Unis à Genève, une porte-parole de la Commission européenne a annoncé qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" se tiendrait mardi par visioconférence.
(Avec les rédactions de Reuters, rédigé par Andy Sullivan; version française Camille Raynaud et Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)

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